Apparu au lendemain de la seconde guerre mondiale le métier d’esthéticienne s’est lentement construit depuis six décennies. Les esthéticiennes ont souvent eu la réputation de femmes aux mœurs légères, superficielles. Les clichés ont encore la vie dure puisque lorsque l’on voit encore l’esthéticienne comme « une arracheuse de poils » sans se douter que ce métier demande de nombreuses compétences sur le plan technique mais aussi sur le plan humain et dans la gestion d’entreprise. Le niveau d’études en esthétique ne s’arrête pas au CAP et peut conduire certaines esthéticiennes jusqu’à l’obtention d’un diplôme de niveau BAC +5.
- Un peu d’histoire…
Des femmes de caractère avec l’ambition forte de prendre leur place dans une société dominée par les hommes.
Helena Rubinstein s’implante à Londres, à Paris. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’exile à New York, puis arpente les Etats-Unis, où elle invente le métier de démonstratrice et celui d’esthéticienne. Elle ne cesse d’innover, d’inventer, de décliner ses produits, ses services, ses conseils. Plus qu’un marché, elle fait de la beauté, une culture.
Nadia Payot est une femme qui sort de l’ordinaire mais qui, pourtant, présente un parcours analogue à celui des autres femmes de son temps. Ces femmes qui sont nées à la toute fin du XIXe siècle ou au début du XXe sont des femmes de tempérament, bien décidées à réussir dans la vie et à laisser une marque indélébile dans l’histoire de la beauté. Après avoir obtenu son diplôme de médecine en 1913, Nadia Payot décide de se consacrer aux femmes, non pas en se plaçant à leur chevet lorsqu’elles sont malades, mais en ouvrant des instituts de beauté qui ont pour vocation de prendre en charge ces mêmes femmes et de les mener sur les chemins de la beauté.
Nadia Payot n’oublie jamais qu’elle est médecin et parle à sa cliente de « traitements scientifiques ». Elle se fait fort de leur faire franchir allègrement les années, à l’aide d’une gymnastique faciale à visée tonifiante.
Le concept de la gymnastique faciale est inventé ; les cosmétiques qui permettent le « modelage aux 42 mouvements » étant mis au point, il ne reste plus qu’à l’enseigner afin de mettre la théorie en pratique. C’est ainsi qu’une école d’esthétique naît en 1947…
Ce parcours n’est pas sans rappeler celui de Marceline Sebalt, une jeune fille qui, à défaut d’être docteur en médecine, aime à suivre les leçons que les médecins lui prodiguent et qui s’engage comme infirmière, lors de la Grande Guerre.
Amoureuse des plantes qu’elle récoltait dans le jardin familial afin de préparer des cosmétiques « qui font belle », elle va réaliser son rêve de petite fille et incorporer des extraits végétaux dans les crèmes anti-rides, de la marque nommée Phébel, qu’elle concocte dans son laboratoire. Tout comme Nadia, Marceline croit dans les bienfaits du « massage-modelage ». L’épiderme est « soigné en profondeur, nourri en surface ».
Afin de favoriser la pénétration des actifs, des « bains de rayons infra-rouges » sont pratiqués. « Un modelage approprié replace les muscles et le massage resserre les ligaments, touche les centres nerveux, décongestionne les vaisseaux sanguins. ». Le concept de facialisme ne date donc pas d’hier mais bien de la moitié du XXe siècle.
Enfilant les blouses blanches généralement destinées aux hommes, ces femmes, qui n’ont peur de rien et qui travaillent avec acharnement, vont poser les bases de la cosmétologie moderne et être à l’origine des premières écoles d’esthétique.
- Des compétences techniques variées, de plus en plus pointues.
Pour devenir esthéticienne, il ne suffit pas de savoir appliquer des produits cosmétiques ou d’appuyer sur un bouton pour démarrer une machine… Les études pour être esthéticienne demandent d’acquérir des savoirs en biologie, cosmétologie, chimie, techniques manuelles mais aussi de savoir utiliser des technologies toujours plus pointues.
L’esthétique toujours en lien étroit avec le domaine scientifique
Même si pendant de nombreuses années, le métier d’esthéticienne était vu comme une voie de garage, fait pour des jeunes filles écervelées et fâchées avec les apprentissages ; aujourd’hui ce n’est plus le cas. On choisit d’être esthéticienne parce que ce métier demande rigueur, connaissances et une volonté farouche d’accompagner femmes et hommes dans leur quête de mieux-être.
Les connaissances de l’esthéticienne en biologie et physiologie cutanées, en chimie, en cosmétologie et ses compétences manuelles et techniques représentent un savoir colossal. Lorsque l’on analyse le programme du BAC PRO en sciences, ces matières représentent 33% de l’enseignement du pôle technique et jusqu’à 50% en BTS.
Donc, les connaissances scientifiques font la part belle aux techniques esthétiques à proprement parlé. L’esthéticienne d’aujourd’hui a soif d’apprendre pour toujours accompagner aux mieux ses clients, leur apporter des connaissances toujours plus pointues sur le fonctionnement de la peau ou sur l’action des cosmétiques.
Face à un public averti, vous avez compris depuis longtemps que vous aviez un rôle à jouer en termes de pédagogie et vous êtes très nombreuses à vous former en permanence.
L’esthéticienne, l’artisane de la beauté et du bien-être
Les techniques esthétiques sont l’essence même du métier d’esthéticienne et même si depuis quelques années, fleurissent des technologies de plus en plus pointues, celles-ci ne remplaceront jamais votre savoir-faire et vos mains.
Notre métier a la particularité de faire partie du secteur du commerce avec le conseil et la vente de produits ET des métiers de l’artisanat puisque nous réalisons l’essentiel de nos prestations avec des techniques manuelles.
N’oublions pas que notre force réside dans le fait de maîtriser des techniques en termes d’épilation, d’onglerie, de massage et que même si certaines entreprises de la beauté font miroiter aux clientes qu’elles peuvent réaliser toutes ces prestations chez elles, nombreuses sont celles à avoir pris conscience que l’on ne s’invente pas esthéticienne.
L’exemple le plus significatif est certainement dans le massage. En effet, réaliser un Kobido sur le visage ou un palper-rouler sur le corps ne peut pas se faire seule et demande des années de pratique avant de maîtriser parfaitement ces techniques.
Donc même si certaines font le choix de la technologie, n’oubliez pas qu’elle doit rester une aide dans la réalisation de vos prestations. Votre savoir-faire manuel est votre plus bel atout alors valorisez-le.
Pour cela, la formation est extrêmement importante afin de vous renouveler, d’améliorer votre pratique et de garder la maîtrise de votre art. Nous sommes toujours très heureuses lorsque nos stagiaires nous font des retours positifs sur leur dernière formation en massage suivi au sein de notre centre de formation à Lyon.
Augmentation du chiffre d’affaires, renforcement de la légitimité, nouveau souffle et développement de la créativité dans les soins sont autant d’aspects qui contribuent à faire rayonner notre métier.
La vente, le parent pauvre du métier d’esthéticienne et pourtant…
La vente fait partie intégrante de la vie d’un institut de beauté, pourtant vous êtes encore nombreuses à ne pas considérer cette pratique comme un véritable atout au développement du chiffre d’affaires. En effet, la vente de cosmétiques représente en général seulement 20% du chiffre d’affaires quand ce n’est pas moins.
Alors que l’on sait que la vente de produits (hors maquillage) représente presque 30% (source : Statista) du marché cosmétique en France en 2023, derrière les parfums et les produits d’hygiène corporelle, les grands groupes de parfumerie sélective gardent la part belle dans ce secteur.
Pourtant, vos clientes vous font confiance et vous avez la chance de pouvoir observer de près leur peau et d’utiliser toutes vos connaissances pour les conseiller de manière efficace, alors pourquoi les laisser acheter leurs produits ailleurs que chez vous ?
N’oubliez pas que vous êtes esthéticienne ET cosméticienne, vous avez donc toutes les compétences pour orienter vos clientes vers les produits qui leurs conviennent.
Lorsque nous vous accompagnons en coaching « La Vente décomplexée en institut de beauté », vous découvrez que vous pouvez également parler de vos produits avec fluidité, sans faire de forcing, simplement parce que vous avez un argumentaire solide et surtout parce que vous êtes convaincue !
La vente ne se résume pas seulement aux produits cosmétiques
Lorsque l’on parle de vente, on pense immédiatement aux produits mais la vente de prestations est aussi un savoir-faire. Cet aspect est souvent plus facile car l’on va parler avec aisance de nos prestations et orienter nos clientes vers celles qui répondent le mieux à leurs attentes.
Souvent d’ailleurs, vous nous dites en formation : « les prestations, je maîtrise car c’est mon cœur de métier et je ne fais que conseiller mes clientes, je ne vends pas. ».
Mais vous êtes encore trop nombreuses à ne pas proposer d’autres prestations à vos clientes parce que vous restez figée dans l’idée qu’elles ne viennent que pour les épilations ou les ongles et qu’elles ne vous ont jamais parlé de vouloir faire autre chose chez vous.
Mais êtes-vous sûre que toutes vos clientes connaissent vos domaines de compétence ?
Sont-elles régulièrement informées de vos nouveautés, des formations que vous avez suivies ? Orienter vos clientes vers des prestations à plus forte valeur ajoutée telles que les soins fait aussi partie de la vente en institut de beauté et c’est cela qui vous permet d’augmenter votre chiffre d’affaires. Alors, présentez votre carte des soins à vos clientes, communiquez sur vos prestations, proposez-leur des extraits de soin ou un diagnostic rapide de leur peau afin qu’elles puissent apprécier toute la palette de vos compétences. Soyez fière de ce vous faites !
L’hygiène, la base de notre métier
Si réaliser un soin ou une épilation peut paraître aux yeux des novices, chose aisée ; en pratique il n’en n’est rien. En effet, notre métier a toujours exigé des conditions d’hygiène irréprochables afin de garantir une parfaite sécurité à la clientèle.
Depuis la crise COVID, une prise de conscience du public sur l’importance du respect des protocoles d’hygiène est apparue. Les esthéticiennes ont su d’ailleurs tirer leur épingle du jeu en communiquant efficacement sur les règles d’hygiène qu’imposait leur métier.
Lorsqu’il a été demandé de se laver les mains et de désinfecter tout ce qui pouvait se retrouver en contact avec la peau, les esthéticiennes ont su dire que pour elles c’était déjà le cas, pandémie ou pas, cela faisait partie des exigences de leur métier.
Pour aller plus loin, souvenez-vous que CNAIB et CNEP se sont associées pour renforcer les normes de sécurité sanitaire en faisant évoluer le document AFNOR encadrant les exigences attendues pour le bon fonctionnement des centres de beauté.
Les 2 fédérations ont donc pu montrer que le respect des protocoles d’hygiène faisaient partie des exigences de notre métier.
- L’humain au cœur du métier
Pour être esthéticienne, il faut aimer les gens
Outre l’exigence de la maîtrise des compétences techniques, le métier d’esthéticienne est aussi une histoire humaine.
Une cliente qui se rend en institut de beauté attend bien plus que la simple réalisation d’une prestation. Elle souhaite vivre une expérience unique et exceptionnelle. Pour cela, l’esthéticienne doit sans cesse repenser sa manière d’exercer son métier afin d’apporter à sa clientèle un service toujours en accord avec les attentes de ses clientes.
La bienveillance est l’une des qualités principales que doit avoir une esthéticienne pour que ses clientes lui accordent toute leur confiance.
Attention toutefois à ne pas tomber dans un excès d’empathie au risque d’oublier que notre devoir est d’accompagner nos clientes dans leur bien-être sans pour autant « ramener leurs problèmes à la maison ».
L’esthéticienne, psychologue mais pas psychothérapeute
Nombreuses sont les esthéticiennes qui font preuve d’une grande capacité d’écoute et notre métier est propice aux confidences de nos clientes. En effet, dans l’intimité de la cabine de soin, l’ambiance tamisée et la position allongée de nos clientes ; les mettent dans des conditions favorables pour se livrer… Nous devons donc faire preuve d’écoute tout en gardant notre posture de professionnelle de la beauté. Notre sensibilité peut être parfois mise à rude épreuve et il serait souhaitable qu’à l’avenir, la dimension psychologique fasse partie de la formation des esthéticiennes, à méditer…
Que la magie opère !
L’un des aspects les plus valorisant dans le métier d’esthéticienne est certainement de voir briller les yeux de nos clientes. En effet, lorsque l’on fait le choix de devenir professionnelle de la beauté et du bien-être, notre volonté première est d’apporter de la douceur, d’accompagner nos clientes à s’accepter, à se sentir bien dans leur peau.
Lorsque vos clientes vous disent que vous êtes une magicienne (qui n’a jamais entendu cette expression de la part d’une cliente ?), c’est leur manière de vous dire merci.
Merci d’avoir su répondre à leurs attentes, merci de les avoir accompagnées à se sentir bien, merci de leur accorder du temps pour qu’elles puissent souffler, merci de les rendre fortes.
Notre métier est avant tout une passion, héritage des pionnières dans ce domaine. Convaincues qu’accompagner les femmes à se sentir belles n’était pas superficiel mais bien une manière de renforcer leur confiance en elles, les grands noms de l’esthétique ont su planter les graines de l’émancipation de la femme.
Même si les clichés ont la vie dure, notre métier connaît ces dernières années une évolution remarquable où l’esthéticienne est considérée comme une experte de la peau et des cosmétiques, une coach bien-être et une professionnelle de la magie !
Alors, soyez fière de votre métier si exigeant soit-il et n’oubliez pas qu’une passion est la meilleure manière de ne jamais avoir l’impression de travailler.